Le Wing Chun en Chine

Le Wing Chun en Chine

Journal de bord III - Trois ans, putain...

Je ne me souviens pas de tous les jours que j'ai vécu en Chine. Rapidement, l'entraînement devient une routine. Et la routine ne change que par les saisons. En été, on s'entraîne dehors, sous un soleil de plomb. On se baigne dans la rivière et on fait la sieste à l'ombre d'un arbre. L'hiver, on préfère l'intérieur. Le froid est la préoccupation première et un réel défi pour le moral. Mais je ne saurais vous donner de souvenirs exacts, jour après jour.

Par contre, le jour de mon départ, je m'en souviens comme si c'était hier. Chaque détail. Je pourrais le décrire minute par minute. Ce fut pour moi la fin d'une aventure incroyable. Je me rappelle avoir retenu un sanglot en saluant la classe. Je me rappelle de chaque personne m'ayant serré dans ses bras. Du regard du maître. De la sensation de la portière qui se referme sur l'école et de la voiture qui démarre. De l'attente interminable à l'aéroport...


Une fois de retour à Paris, la première chose à m'avoir frappé, c'est l'odeur du métro que j'ai pris pour aller chez mon père. C'était odieux. Une véritable agression. En arrivant à la maison, il me fit m'assoir devant un petit déjeuner. Mon premier petit déjeuner français depuis un an. Et je ne cessais de parler, de raconter, d'exulter... Lui, pragmatique, me demanda ce que je comptais faire à présent. Sans aucune hésitation, je lui répondais : "Y retourner !"


Ce à quoi il répondit : "Et comment comptes-tu faire ?"


A cet instant, je compris que je n'étais pas prêt de repartir. Il allait me falloir un long, très long moment, pour économiser assez d'argent afin de retourner à ce qui était à présent ma réalité. Mon regard retomba sur ma tartine beurrée, et je fus tout à coup beaucoup moins volubile...


C'était en 2012.


Nous sommes en 2015 à présent, et la somme suffisante est en ma possession. Enfin, presque. En effet, mon père a consenti à partager les frais. Non pas sans me faire jurer à de nombreuses reprises qu'après ça, il souhaitait s'investir dans sa propre vie. J'ai été un enfant difficile, marginal, et il n'a eu que peu de temps pour profiter de sa propre vie, si inquiet, souvent à juste titre, au sujet de la mienne.


La première fois que je suis parti, c'était pour fuir ce monde. Fuir Paris, fuir mes peurs, mes responsabilités, la course au fric et aux petits boulots à laquelle je ne m'identifiais pas... Aujourd'hui, j'ai de réels projets, des attentes, de l'espoir. Et paradoxalement, c'est maintenant que j'ai vraiment peur. Parce que les enjeux sont tout autres. Qu'ils sont bien plus grands, bien plus importants. J'ai peur de ne pas réussir. D'aller vers un échec. Mais je ne le saurai que si je pars. Je préfère les remords aux regrets. Cette fois ci, je ne fuis plus. J'ai vais affronter tout ce qui autrefois me paralysait. Ce sera difficile, mais au fond, ce ne serait pas intéressant autrement.


Trois ans, putain... Il en aura fallu du temps. Mais maintenant je suis prêt. Je pars faire face à mon destin.


21/05/2015
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Bienvenue dans la section Liens

Je listerai ci-dessous tous les sites, blogs et pages susceptibles de vous aider dans vos recherches à propos de l'entraînement au kung fu en Chine, et notamment du wing chun. Si vous possédez vous-même un blog et que vous souhaitez faire partie de cette liste, n'hésitez pas à me contacter.


Blog - Chroniques d'un naufrage

Dans ce blog, l'auteur relate son voyage de 6 mois dans une école de kung fu chinoise. Il y revient avec humour sur son expérience, ses progrès, ainsi que sur quelques situations cocasses qu'il a vécu là-bas. Ce titre ironique est un pied de nez aux mauvaises langues persuadées que ce type de voyage était une mauvaise idée. A vous de juger ! Cliquez ici pour accéder au site.

Infos - Le monde

Cet article relate l'histoire de Dominique Saatenang, parti à 24 ans étudier le kung fu en Chine pendant 4 ans. Après quoi, il est devenu le premier étranger arbitre international de kung fu en Chine. Il a également ouvert plusieurs écoles et vit son rêve au maximum. Un bel exemple de réussite. Cliquez ici pour accéder au site.




19/05/2015
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Le wing chun : L'efficacité par la simplicité

Cet article n'a pas pour but d'être une définition exacte et exhaustive du wing chun. Il s'agit de ma propre perception d'un art basée sur mon expérience et ressenti personnels. Etant donné que je trouve inintéressant de faire un copier/coller de ce que l'on peut déjà trouver sur Wikipédia, j'assume totalement la subjectivité de mes propos.


Introduction

Le wing chun est un art martial de défense qui se concentre sur la simplicité des gestes et des postures. Autrement dit, vous ne verrez jamais un pratiquant de wing chun exécuter des acrobaties spectaculaires "comme à la télé". Mais simple ne veut pas dire simpliste. En effet, bien qu'épurés, les mouvements du wing chun sont le résultat d'une approche géométrique du combat réel basée sur le pragmatisme et dont le but ultime est la survie. En cela, et à contrario d'un sport de combat comme la boxe anglaise ou le taekwondo, tous les coups sont permis.

L'utilisation de toutes les parties du corps est enseignée (pieds, poings, coudes, genoux, mais aussi les avants bras, les doigts, etc...) dans le but d'anéantir une menace par la contre attaque. Les cibles du pratiquant de wing chun sont principalement situées le long de ce que l'on appelle la ligne du centre, qui partage le corps en deux de façon symétrique (nez, menton, cou, plexus solaire, bas ventre).

Le wing chun se pratique à mains nues. C'est d'ailleurs un art particulièrement incompatible avec l'exercice du ring. Enfiler des gants à un pratiquant de ce style revient à lui donner un couteau à beurre pour manger un yaourt. De plus, les sports comportant des règles (exemple : pas de coups dans les yeux, sous la ceinture...) amputent ce style de l'essence même de son efficacité. Il s'agit d'un art de survie et non d'un sport de frappe. C'est pourquoi vous avez peu de chances de croiser un pratiquant de wing chun dans un match de MMA.

Il suffit d'observer les formes (ou tao/kata) que l'on apprend en wing chun et qui se démarquent des autres styles par leur apparente simplicité et leur économie de mouvement, pour comprendre que la base de ce style n'est pas la force brute mais la compréhension des mécaniques du corps dans le but de les contrôler, et donc de contrôler l'adversaire.


Le wing chun est-il efficace ?

C'est la question légitime que l'on se pose à propos de tout art martial. Tout art étant unique, la réponse est pourtant universelle. En effet, chaque art martial est efficace dans le contexte pour lequel il a été créé à un degré correspondant au niveau technique du pratiquant, à son niveau de préparation physique mais aussi mentale, auquel s'ajoutent de multiples facteurs comme l'effet de surprise, le niveau de l'adversaire etc... En bref, il est impossible de juger de l'efficacité d'un art martial sans rien savoir de tout cela. C'est une question complexe dont la réponse peut varier d'une personne et d'une situation à une autre.

De plus, comme dit précédemment, un art martial est créé dans l'optique d'un contexte particulier. En cela, le wing chun est inefficace sur un ring, mais peut être dévastateur dans la rue si le pratiquant s'est préparé dans le sens de parer au cas de figure qu'il y rencontre. C'est pourquoi un pratiquant s'étant focalisé sur la forme plutôt que sur le fond (ce qui est, dans le cas du wing chun, une hérésie dans le sens où il s'agit précisément d'un art privilégiant le fond) aura beau avoir un haut niveau de tao, il n'en sera pas moins probablement pris au dépourvu en situation réelle.

Il faut être conscient de la raison pour laquelle on pratique et la combiner à l'art martial qui convient. Si on étudie un art comme le wing chun qui est un art de défense réaliste, c'est qu'on n'a pas l'intention de faire de la gymnastique ou de la méditation transcendantale. Il existe d'autres pratiques plus appropriées à cela. Et un pratiquant de wing chun, s'il est honnête envers lui-même et son style, ne peut prétendre pratiquer dans l'optique principale du bien être.

Bien entendu, c'est une chose qui vient en tant que valeur ajoutée, car la pratique des arts martiaux génère par définition une sensation de plénitude physique et mentale. On se dépense, on prend confiance en soi, on améliore ses capacités physiques et psychologiques... Mais concernant le wing chun, ceci n'est pas un but en soi. C'est un plus. Le but ultime est ici de se défendre et ne devrait pas être perdu de vue.

Concrètement, tout art martial est potentiellement efficace. Il suffit simplement de savoir ce que l'on veut. Se détendre ? Se défendre ? Une philosophie ? La compétition ? Une fois cette question résolue, faites confiance à votre instinct. Il est rare de se sentir interpellé par un art et qu'il ne nous plaise pas par la suite. Et si vous voulez mon avis, le wing chun est efficace s'il est mis en application à l'entrainement. Mieux on se prépare à la réalité, plus l'appréhender sera facile par la suite.


Les spécificités du wing chun


La pratique du mannequin de bois est l'une des spécificités du wing chun, ainsi qu'un élément fondamental en terme d'efficacité en combat réel. Il s'agit de s'exercer à utiliser ses techniques sur un poteau de taille humaine possédant des bras. Il est primordial de s'entrainer souvent de cette façon, car dans beaucoup d'arts martiaux, les coups ne sont pas portés ou portés trop faiblement à l'entrainement, et l'élève ne peut pas s'habituer à la réalité de la confrontation, notamment sur le ressenti que procure un coup.


Ceci aide sur plusieurs aspects : On apprend à mieux juger les distances, on endurcit ses membres et surtout, on apprend à porter des coups non pas dans le vide mais sur une surface dure. Plus dure même qu'un sac de frappe. Ainsi, le jour où il faudra avoir le réflexe de se protéger d'un assaillant, on sera préparé au mieux à cette seconde fatidique qui décide souvent de l'issue d'une confrontation. Mais comme disait Bruce Lee : "Le bois ne rend pas les coups". C'est pourquoi il existe également l'exercice des mains collantes.

Les mains collantes sont un exercice propre au wing chun, qui se pratique à deux. Chaque pratiquant appuie ses avant bras sur ceux de l'autre, le but consistant à trouver la faille à travers la garde de l'autre grâce à la pression ressentie, en utilisant les techniques apprises à l'entrainement. Cet exercice permet de s'habituer au contact de l'adversaire. A l'effet d'une personne vous attrapant par le bras, par le col... En s'habituant à ce type de pressions, on augmente sa capacité à réagir au feeling, à l'instinct, et à ne pas se servir de son regard mais de son ressenti pour répliquer. Les plus grands maîtres pratiquent d'ailleurs cet exercice les yeux bandés.

Il existe aussi l'exercice de l'anneau. On le pratique seul, les mains passées dans un anneau relativement petit et collé aux avant bras, au travers duquel on travaille ses techniques. Cet anneau fait exactement la taille requise pour obliger le pratiquant à travailler ses gestes correctement, tout en provoquant un frottement qui permet de fortifier les membres et de les rendre plus durs. Cet exercice tient d'ailleurs de la torture s'il est pratiqué trop souvent, car on se retrouve vite avec de beaux hématomes. 

 



La suite bientôt.


18/05/2015
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FAQ - Foire aux questions

Si cela fait plusieurs heures que vous arpentez le net, allant de site en site pour tomber sur des informations contradictoires au point de vous demander si vous arriverez à trouver ne serait-ce qu'une seule information sûre : Vous n'êtes pas le seul.

Les procédures administratives peuvent paraître décourageantes, surtout pour un premier voyage. Je suis aussi passé par là. Et c'est pour cette raison que j'ai créé cet article. Afin qu'il y ait enfin toutes les réponses au même endroit, et que celles ci soient claires et concises.

Bien entendu, cette section ne permet pas de vous épargner les aléas de l'administration, et vous n'êtes sans doute pas au bout de vos peines. Cependant, vous êtes sur la bonne voie. Ne vous découragez pas ! Votre rêve le vaut bien.


Commencer par le début.

Vous êtes décidé à sauter le pas, mais vous ne savez pas par où commencer. Vous devez déjà répondre aux questions les plus importantes :

- Combien ça coûte ?
- En suis-je capable ?
- Quand venir et combien de temps ?
- Quels peuvent être les imprévus et comment y palier ?
- Comment arriver bien préparé ?
- Qu'en est-il d'internet en Chine ?


Je vais vous donner les réponses.


Combien ça coûte ?

Dans le prix de votre voyage, vous devez inclure : Le prix de l'école, le billet aller et retour, l'assurance, les frais de passeport et de visa, les faux frais, ainsi qu'une somme suffisante pour vos éventuels loisirs et sorties sur place.

Concernant l'école, je ne peux parler que de la mienne. Mais les tarifs sont généralement indiqués sur les sites des écoles que vous visiterez. Dans mon cas, l'école coûte à l'année à peu près 5000 euros tout compris (frais de dossier et d'inscription, logement, nourriture, cours etc...) Cela revient à à peu près 415 euros par mois, ce qui est très correct pour ce type d'établissement.

Pour le billet d'avion, je vous conseillerais de consulter une agence pour avoir l'avis d'un professionnel. Selon la période de l'année à laquelle vous partez, le prix peut parfois doubler ! Prenez donc en compte les périodes rouges comme celle du nouvel an chinois par exemple; et évitez les. J'ai pour ma part payé mon aller et retour 1100 euros. Ce qui est raisonnable, mais vous devriez pouvoir trouver moins cher (on peut toujours trouver moins cher). Je vous conseille de voyager avec Air China. Leurs services sont très corrects en classe économique. Enfin, si je ne devais vous conseiller qu'un seul site pour réserver vous-même votre billet, ce serait Expedia.

Pour le passeport, il vous en coûtera 86 euros, et 71 euros pour le visa.

Selon l'assurance que vous choisissez, les prix peuvent s'avérer très variables. Il faut compter entre 500 et 900 euros selon le choix que vous faites. Pour ma part, après les précieux conseils d'un proche, il m'en a coûté 500 euros. Si cela vous intéresse, j'ai opté pour Chapka. Dans mon cas, j'ai choisi le "Cap student", qui est le plus attractif et couvre tout ce dont j'ai besoin.

Les faux frais seront minimes mais il est important de les inclure dans votre budget global. L'achat d'une valise, de chaussures adaptées au kung fu (comme des Feiyue), d'habits chauds en cas de périodes d'hiver... Bref, le minimum vital que le bon sens implique. Mais ne vous surchargez pas inutilement, il sera facile et rapide de compléter votre garde robe une fois sur place.

Enfin, concernant la somme que vous octroierez à vos loisirs, tout dépend de vos projets. Souhaitez vous rester dans l'enceinte de l'école tout le long de votre séjour et ne sortir que rarement pour faire quelques courses ? Ou au contraire profiter à fond de vos week ends, aller en ville, à la plage, au restaurant etc... Selon votre train de vie, la note sera différente. Soyez donc conscient de vos priorités et agissez en conséquence.

La réponse est donc : Aux alentours de 7000 euros pour une année complète.


En suis-je capable ?


L'entraînement en Chine peut s'avérer intense et difficile. Lorsque la chaleur de l'été ne vous transforme pas en flaque, le froid de l'hiver vous mord le visage. Et il est hors de question de rester dans sa chambre à la moindre difficulté. Ca, vous pouvez très bien le faire chez vous.

Je ne compte pas le nombre de personnes que j'ai vu débarquer à l'école, certains étant de purs novices et d'autres des sportifs confirmés, qui ne sont pas restés plus d'un mois. Les causes sont multiples. Une blessure, le moral qui flanche... Alors, comment savoir si ce sera le cas pour vous ?

Une chose doit être très claire : N'importe qui peut venir s'entrainer en Chine et y arriver. Jeune, vieux, faible ou athlétique, fille ou garçon... Vous pouvez adapter votre rythme selon vos capacités physiques. L'important est d'être à l'écoute de son corps, ne pas le forcer, et le laisser s'habituer à l'intensité des efforts demandés. C'est la meilleure façon d'éviter un accident malheureux.

Mais la vraie clé est psychologique. Le moral est crucial, surtout si vous débutez. Ne vous comparez pas aux autres. Chacun suit son chemin, et c'est le vôtre qui doit vous préoccuper. De plus, si quelqu'un d'autre peut faire quelque chose, vous pouvez le faire aussi. Privilégier l'entraide à la compétition est impératif pour progresser. La compétition amicale peut être un moteur, mais n'allez pas vous user inutilement l'esprit. Ceci n'est pas un sprint mais une course de fond. Ménagez vous.

La réponse est donc : Oui, vous en êtes capable. Qui que vous soyez, vous pouvez y arriver. N'ayez pas peur. Ecoutez votre corps. Ménager votre esprit. Tout le monde a été un débutant, ce n'est pas un statut humiliant. Si vous vous donnez à fond, vous méritez le respect. Quel que soit votre niveau.


Quand venir et combien de temps ?

S'entraîner dans les montagnes en plein hiver est un exercice particulier. Je déconseille très fortement à un débutant de venir durant cette période. Les plus vaillants s'y sont cassés les dents. L'été reste la période la plus agréable pour s'entraîner. Rien ne vaut une baignade dans la rivière après les cours pour se soulager d'une dure journée. Les soirées sont agréables, propices aux promenades, à la déconnade (il en faut !) et la sieste de la mi journée est parfaite à l'ombre d'un arbre.

Cependant, tout n'est pas si sombre concernant l'hiver. Le fait que le froid en rebute autant présente quelques avantages, comme par exemple le fait qu'il y a beaucoup moins de monde à l'école en cette saison. Ce qui vous permet de bénéficier d'un enseignement plus attentif de la part du maître qui, soulagé d'une classe nombreuse, pourra faire preuve d'une grande attention à votre sujet. De plus, vivre une telle expérience permet d'aller vraiment au bout de vos limites et d'augmenter à terme votre volonté. Quand on sait ce dont on est capable, cela devient une réelle force. Surtout quand tant d'autres ont abandonné.


Comme dit précédemment, veillez à vous organiser pour ne pas acheter de billets d'avion lors d'une période chère comme le nouvel an chinois. Vous feriez inutilement gonfler votre note.

De plus, si deux mois d'entrainement peuvent suffire à un novice pour observer des progrès étonnants, un sportif confirmé aura probablement besoin de plus de temps pour voir ses qualités techniques et physiques augmenter de façon satisfaisante.

Pour ma part, j'étais un parfait débutant en arrivant. Et en un an d'entrainement, je n'ai pas peur de dire que j'ai pu constater un changement phénoménal en tous points. Je n'avais plus rien à voir avec l'ancien moi en partant. Si vous souhaitez vous aussi vivre une telle transformation, je ne peux que vous conseiller d'opter pour une longue durée.

Il est important de noter que l'école dans laquelle je suis accepte les nouveaux étudiants tout le long de l'année, et que vous pouvez choisir de rester un mois, deux, trois... Et ainsi de suite jusqu'à un an (voire plus, pourquoi pas !) mais que je suis bien incapable de vous dire ce qu'il en est des écoles au cas par cas.

La réponse est donc : L'été est la période la plus propice pour s'entrainer en Chine. Et la durée de votre voyage doit correspondre à vos attentes en matière de progrès physique et technique, selon votre niveau de départ. La meilleure façon d'être sûr est de demander directement à quelqu'un se trouvant sur place qu'il vous conseille.


Quels peuvent être les imprévus et comment y palier ?

La question qui fâche... Malgré toute votre bonne volonté, vous n'êtes pas à l'abri d'un imprévu.

Vous avez payé pour trois mois, mais vous vous rendez compte au bout de deux semaines que vous avez fait une erreur. L'école ne vous convient pas, vous avez le mal du pays, vous n'étiez pas aussi prêt que vous le croyiez pour cette expérience... Les raisons peuvent être multiples. La question est : Pouvez vous vous faire rembourser et partir retrouver votre canapé au plus vite ?

Vérifiez toujours que l'école à laquelle vous vous inscrivez propose un remboursement. Et spécifiez le lors de votre demande d'inscription, afin d'avoir une réponse écrite. Vous devez être certain de pouvoir vous faire rembourser si vous choisissez d'écourter votre séjour.

Par exemple, l'école dans laquelle j'étudie peut procéder au remboursement. Lors de mon premier séjour, j'étais resté 11 mois au lieu d'un an complet. Cela m'arrangeait pour des raisons personnelles et j'ai pu rapidement toucher l'argent en question et repartir sans que cela ne pose problème. N'hésitez pas à demander des précisions à ce sujet quand vous vous engagez.

Et puis il y a la bête noire de tout pratiquant. La blessure. Je me suis moi-même blessé à plusieurs reprises lors de mon voyage. L'omoplate, la cuisse... Heureusement je n'ai jamais eu à aller à l'hôpital ou à me faire rapatrier. Mais si ça avait du être le cas j'étais couvert par mon assurance.

Le monde des assurances est aussi complexe qu'un labyrinthe obscur. Si comme moi vous n'y connaissez rien, n'hésitez pas à demander à vos proches de vous guider à travers ce chemin sinueux. Vous devez impérativement être assuré. Partir pour un tel voyage sans assurance équivaut à sauter en parachute sans parachute de secours : En cas de problème, vous êtes dans la panade.

La réponse est donc : Prenez tout votre temps pour vous organiser. Ne partez pas sur un coup de tête. Discutez avec vos proches, et avec vos amis ayant déjà voyagé. Vous ne partez pas dans un camp de vacances mais dans une école de kung fu. Ce n'est pas une promenade de santé. C'est bien plus que ça. Et vous devez vous y préparer en conséquence.


Comment arriver bien préparé ?

Dans l'absolu, se préparer n'est pas une obligation. Une école de kung fu chinoise a beau être une aventure intense, ce n'est pas un lieu de torture. On ne vous obligera pas à aller au delà de vos capacités. Mais nous sommes dans la section Conseils, et je dois tout de même vous prévenir que si vous êtes débutant, vous prenez un risque inutile en ne vous préparant pas un minimum. Il ne s'agit pas de vous astreindre à un entrainement d'élite avant même d'être arrivé. Ne vous en faites pas, ça viendra bien assez tôt.


Commencer simplement à faire du jogging, des assouplissements, des pompes et des abdos deux mois avant votre voyage vous permettra d'éviter un choc physique et moral violent en arrivant sur place. Cela diminuera aussi le risque de blessure. Si vous êtes déjà sportif, ne changez rien à votre routine. Cette expérience ne devrait pas vous poser de problème particulier. De toute manière, comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas tant votre physique qui vous fera tenir l'entrainement au début, mais votre moral. Si c'est un premier voyage en solo, vous pouvez vous sentir mal à l'aise alors que l'entrainement ne vous pose pas d'énormes problèmes.

Il faut donc se préparer moralement au fait d'être loin des siens, dans une situation particulière. Bon, vous ne partez pas sur un iceberg isolé au milieu de l'océan. Mais quand même. Cela peut s'avérer être une épreuve. Surtout si vous êtes de nature solitaire. Il faut vous préparer à vivre en communauté, avec peu d'espace personnel. Le malaise peut venir de n'importe où. C'est aussi pour ça que j'ai créé ce blog. En lisant mes impressions dans la section S'entrainer en Chine, vous pourrez connaitre mes coups de blues, mes doutes, et surtout constater qu'ils finissent toujours par s'effacer


La réponse est donc : Oui. Car dans tous les cas, à moins d'être un athlète, personne n'est vraiment préparé à faire six heures de sport par jour, cinq jours par semaine.


Qu'en est-il d'internet en Chine ?

La Chine est un pays connu pour sa large censure de l'internet. Les réseaux sociaux comme Facebook, Youtube, Twitter et les blogs sont là bas interdits. De plus, les écoles de kung fu sont parfois dans des lieux reculés et on peut se poser à juste titre la question de savoir si l'on pourra facilement rester en contact avec ses proches, et comment.


Rassurez vous, de nos jours, il est fort peu probable que vous tombiez dans un endroit, même très reculé, où le réseau ne serait qu'une rumeur provenant des grandes villes. Dans mon école, il y a non seulement une salle internet, mais on peut même demander à bénéficier d'une connexion directement dans sa chambre, pour un tarif raisonnable.

De plus, il est simple de passer au dessus de la censure du net grâce à des logiciels appelés VPN, qui sont généralement peu chers et vous permettent de surfer comme si vous étiez en France. Les chinois eux mêmes utilisent dans leur grande majorité ce type de moyen pour s'informer et rester en contact. Je peux d'ailleurs vous conseiller Astrill, un VPN à un prix très raisonnable qui fonctionne très bien pour moi.

La réponse est donc : Internet représente un budget à prévoir et un VPN n'est pas indispensable mais rend les choses bien plus confortables. Vous y aurez accès sans problème dans n'importe quelle école (ou bien, dans le pire des cas, dans un espace dédié aux alentours). Ne vous faites donc pas de soucis à ce sujet.

 


17/05/2015
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Partir s'entrainer en Chine, la démarche pas à pas.

Vous avez répondu aux questions importantes portant sur votre projet. Cette première étape passée, il est temps de passer aux actes. Ce qui suit décrit la marche à suivre étape par étape et en détails pour vous retrouver de "assis dans votre canapé" à "assis dans l'avion". Par souci de clarté, commençons par définir ces étapes dans l'ordre :

- Trouver la bonne école
- Obtenir votre passeport
- Définir quel est le visa qui convient à votre voyage
- Rassembler les pièces nécessaires à son obtention
- Et c'est parti !



Trouver la bonne école

Il s'agit là d'une démarche très importante, mais aussi délicate. En effet, vous trouverez probablement sans mal des sites proposant de vous accueillir. Surtout si vous recherchez un enseignement shaolin, qui est le plus répandu. Le problème est ici que vous n'avez aucun moyen de savoir ce qui vous attend réellement sur place. Vous ne pouvez pas vous fier aux photos ou aux commentaires des sites, ceux ci étant bien entendu là pour mettre en valeur les écoles.

La meilleure alternative reste de réussir à se procurer l'adresse mail d'élèves séjournant, ou ayant séjourné dans les écoles qui vous intéressent. Dans mon cas par exemple, j'ai eu de la chance, car je suis parti un peu à l'aveuglette. Personne ne m'a réellement renseigné et j'ai du faire confiance à mon instinct. Heureusement, tout s'est bien passé et je suis très satisfait de mon choix, et notamment du maître de wing chun qui m'enseigne qui est particulièrement doué et gentil.

Je ne puis vous donner plus de conseils à ce sujet. Prenez votre temps. Cherchez bien et vous trouverez des personnes capables de vous aiguiller dans votre choix. D'ailleurs, vous pouvez tout à fait me contacter si mon école et le wing chun vous intéressent.


Obtenir votre passeport

Vous avez choisi votre école, avez contacté son administration et reçu une réponse positive. Votre chambre vous attend là bas, mais encore faut-il s'y rendre. La première étape sera impérativement l'obtention de votre passeport. Pour ce faire, rendez vous sur cette page où la procédure à suivre est expliquée. Ce n'est pas compliqué. Vous devrez vous rendre à votre mairie muni des pièces indiquées, où il vous en coûtera 86 euros en timbres fiscaux. Les délais varient selon les mairies, alors n'hésitez pas à demander plus de détails à la personne qui s'occupera de votre demande.


Définir le type de visa qui convient

En attendant de recevoir votre passeport, vous allez pouvoir vous intéresser au visa. La fameuse clé vers votre voyage. Dans votre cas, il s'agira soit d'un visa L (touriste), soit d'un visa X2 (étudiant courte durée). Contactez l'école où vous vous êtes inscrit pour demander à leur administration s'ils ont une préférence. En effet, il leur faudra vous fournir un certificat, et certains sont plus compliqués à obtenir que d'autres.


Rassembler les pièces nécessaires

Voilà. Il est temps de faire votre demande de visa. Maintenant, les choses vont se corser un peu. L'administration peut se montrer laxiste ou carrément pète burne et ce sans aucune raison particulière. Considérez que c'est du pile ou face. Si le type en face de vous a décidé de vous en faire baver, c'est son droit. Et s'il est dans un bon jour, votre demande passera comme une lettre à la poste. Dans ce cas, ne donnons aucune chance à cet adversaire potentiel et coiffons le au poteau.

Vous ne pouvez pas vous rendre à l'ambassade les mains dans les poches, ni demander un rendez vous par téléphone. Il est obligatoire de procéder via internet sur ce site. Dans l'onglet "Accès direct", cliquez sur "Rendez-vous". Puis sélectionnez le visa que vous avez choisi et laissez vous guider. Vous pourrez choisir le jour et l'heure de votre rendez-vous. Attention ! Assurez vous d'avoir le temps de rassembler toutes les pièces dont vous avez besoin avant ce rendez-vous ou vous serez recalé d'office. Si vous n'êtes pas sûr de vous, commencez par les rassembler, et ne prenez rendez-vous qu'ensuite.

Le site de l'ambassade de Chine où vous trouverez les infos concernant les pièces à fournir est particulièrement tentaculaire et mal fichu. C'est pourquoi je vous donne ici le lien direct vers ces informations ainsi que le lien vers le formulaire de demande de visa à télécharger et imprimer.

Notez avec précaution toutes les pièces demandées. Il est simple de se les procurer en procédant pas à pas. Si vous êtes du genre à paniquer dès qu'on en arrive à de l'administratif, demandez conseil à vos proches. Il n'y a aucune honte à ne pas savoir. Vous remarquerez d'ailleurs que le visa X2 est un peu plus facile à obtenir.

Résumons. Arrivés à ce stade, vous avez donc besoin de :

- Votre carte d'identité
- Votre passeport
- Votre formulaire rempli et accompagné d'une photo
- Une attestation de séjour (Une lettre d'invitation de l'école à votre nom, citant votre date d'arrivée et de départ, précisant qu'ils vous hébergeront dans leurs locaux, et qui devra être signée et tamponnée)
- La réservation de votre billet aller et retour
- Une preuve de vos ressources (Le relevé bancaire des trois derniers mois)
- Votre attestation d'assurance

Vous ne pourrez payer votre visa que par carte bleue ou chèque (71 euros). Les espèces ne sont pas acceptées.

Si vous êtes étudiant ou sans emploi, votre relevé bancaire ne suffira pas. En effet, vous risquez fort de vous voir refuser le visa si vous ne pouvez justifier d'une rentrée d'argent de 1000 euros ou plus tous les mois (En France bien sûr, pas lorsque vous serez en Chine). Il vous faudra demander à vos parents de se porter garants pour vous et de vous fournir leur propre relevé des trois derniers mois, ainsi qu'une déclaration sur l'honneur et un extrait d'acte de naissance avec filiation. La façon de se le procurer est expliquée sur ce site.

Veillez à faire des photocopies de toutes ces pièces. La plupart du temps, on vous en demandera. Et bien entendu, il n'est pas possible d'en faire sur place.

Enfin, vous trouverez dans la foire aux questions des conseils concernant la réservation de vos billets d'avion et des propositions d'assurance. Une fois toutes ces pièces rassemblées, vous n'aurez plus qu'à vous rendre à votre rendez-vous et lancer la procédure.



Et c'est parti !

Vous êtes à présent en possession de votre passeport et de votre visa. Vos billets sont bookés, vous êtes assuré et la date fatidique approche. Ne vous inquiétez pas, le premier pas est le plus dur. A présent, c'est un beau voyage qui s'offre à vous. Alors profitez en !


PS : Si vous tombez sur un lien mort, ou si vous constatez des changements dans les procédures rendant certains détails de cette page désuets, n'hésitez pas à me le notifier dans les commentaires. A bientôt sur mon blog !

 


17/05/2015
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Journal de bord II - Comme des frères

La Chine a été mon premier grand voyage en solo. Et s'il y a quelque chose que j'ai pu observer chez tous les gens qui font ce type de voyage pour la première fois, c'est qu'une fois arrivé à l'endroit où vous posez enfin définitivement vos valises, un sentiment vous saisit. Vous vous dites : "Mais bordel, qu'est-ce que je fais là ?"

Cette sensation met un petit moment à passer. Et chacun la vit à sa manière. Pour ma part, mon mécanisme de défense a été de dormir non stop pendant deux jours. En me réveillant, je me sentis mieux. Peut-être avais-je assimilé les odeurs, les sons, entendu inconsciemment parler chinois dans le couloir... Toujours est il que la boule au ventre avait disparu.

Je ne m'étendrai pas très longtemps sur ma première année en Chine. D'une part parce que c'est mon nouveau voyage qui nous intéresse sur ce blog. Et d'autre part parce qu'il a eu lieu il y a maintenant trois ans, et que je ne saurais jamais rendre leur juste intensité à ces instants. Je vais tout de même le raconter dans les grandes lignes, car il a clairement été un tournant crucial de ma vie.

Si je ne devais retenir qu'une seule chose de cette aventure, ce serait, sans aucune sorte d'hésitation, les gens que j'ai rencontré et les amitiés que j'ai créé là bas. Certaines des personnes avec qui je me suis entrainé dans ces montagnes font maintenant partie intégrante de ma vie. Au delà même de ce que j'ai acquis en terme d'arts martiaux, ce sont ces personnes, ces frères, qui sont la plus belle récompense de ce voyage.

Vous savez, on a pas l'habitude en France de verser le même jour sa sueur, son sang et ses larmes. L'entraînement peut être extrêmement éprouvant. Pas uniquement physiquement, mais psychologiquement aussi. A Kunyu, personne n'échappe à la remise en question. A la perte de motivation. Parfois même au dégoût total. Courir face au vent à -10° alors que la neige vous frappe le visage, que votre blessure de la semaine dernière fait hurler votre cuisse, et que vous savez que vous n'en êtes qu'à l'échauffement, ça peut briser votre enthousiasme en peu de temps.

Et c'est à ce moment là que la tape dans le dos amicale mais puissante prend tout son sens. On ne souffre jamais seul à Kunyu. On souffre tous ensemble. Comme des frères. Et c'est définitivement ce qui vous fait tenir dans les moments de doute. Savoir que vous n'avez que quelques pas à faire pour aller retrouver vos potes, et que grâce à eux, tout se passera bien.

On est ici très loin de toute expérience que vous auriez faite en France. Le collège, le lycée, le monde professionnel... A Kunyu, nous sommes tous là pour la même raison, ce qui nous rapproche déjà beaucoup. La barrière de la langue n'est rien face à un sourire encourageant. Le kung fu est l'art du geste. Nous n'avons pas forcément besoin de nous parler pour nous comprendre dans les moments difficiles. Et ceci est probablement la plus beau sentiment que j'ai ressenti là bas.


17/05/2015
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Sortie au restaurant avec l'un des maîtres de Shaolin.

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17/05/2015
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Position de Baji Quan devant la rivière bordant l'école.

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17/05/2015
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Photo de classe avec le maître lors de mon premier voyage.

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16/05/2015
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Me contacter

Si vous souhaitez discuter en direct avec moi, vous pouvez me contacter via :


Email : tsaang@yahoo.com

Skype : Tsa_ang

Facebook : https://www.facebook.com/lewingchineenhine


N'oubliez pas qu'avec le décalage horaire et le planning chargé de mon entraînement, il est possible que je ne vous réponde pas immédiatement.

Cependant, je réponds à tout le monde !


16/05/2015
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Journal de bord I - Du rêve à la réalité

Quand j'étais enfant, j'ai eu le privilège de faire partie d'un groupe dont les membres étaient nombreux : Les enfants de divorcés. J'avais donc le plaisir tout particulier de ne voir mon père qu'un week end sur deux. En ce temps, et malgré les efforts de mon paternel, j'avais tendance à m'ennuyer lors de ces visites. Bien qu'il eut adapté son appartement pour nous recevoir, ma sœur et moi, dans les meilleures conditions possibles, je peinais à y trouver une occupation.

A l'époque du magnétoscope, mon père aimait nous emmener au vidéo club du quartier dans le but de passer une bonne soirée en famille. Mais c'est dans un coin de son étagère que j'ai trouvé la cassette qui allait éveiller en moi pour la première fois une passion qui me poursuivrait toute ma vie : "Big Boss", le premier film de Bruce Lee. Je ne saurais dire pour quelle raison obscure mon père avait acheté ce film. Il n'aimait pas particulièrement les arts martiaux. Toujours est-il que je glissais l'objet dans le magnétoscope, et que je découvrais émerveillé le petit dragon.

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Malheureusement, je souffrais d'une qualité qui, dans ce contexte, devint un défaut. J'étais un incorrigible rêveur. Et plutôt que de courir m'inscrire au dojo le plus proche, je préférais m'imaginer à la place des héros de mes films d'actions et de mes BD. Pendant un temps, cela fut agréable. Mais c'est lorsque plus tard je fus confronté à des brutes au collège que je compris que le gamin timide, discret et relativement chétif que j'étais devait passer à la vitesse supérieure. Mauvaise nouvelle : Je vivais dans un petit patelin et le seul club d'arts martiaux dans les environs enseignait l'aikido, un art au demeurant magnifique et pour lequel j'ai une grande affection, mais qui n'allait pas me servir à me défendre face aux voyous qui me harcelaient.

La fin du collège marqua la fin de mon besoin d'apprendre à me défendre. Je cessais donc l'entraînement et retournais à mes rêves. D'une part par facilité, car je ne remarquais pas suffisamment de progrès. Mais aussi par contrainte, car aller au lycée et en revenir demandait une heure de bus par jour, et il était difficile de concilier les devoirs et le dojo. Les années passèrent, et une fois mon bac en poche, j'avais oublié les arts martiaux. J'allais par la suite d'échecs en échecs, peinant à trouver ma voie dans le monde professionnel. En effet, j'étais peu enclin à l'acceptation du monde dans lequel je vivais. La France, et ce qu'elle avait à me proposer, me paraissait fade et inintéressant.

Puis arriva le film Ip Man, de Wilson Yip, qui eu l'effet d'une bombe dans mon esprit. Au visionnage, l'enfant qui s'était ébahi devant Bruce Lee se réveilla en moi. Je retrouvais cette sensation, ce besoin d'en savoir plus, de comprendre cet art, d'imiter ces gestes. Ce film agit comme un lance pierre. Il m'envoya à toute vitesse m'inscrire dans un club de wing chun. Et là, ce fut l'épiphanie. Je retrouvais le moral, le goût de l'effort, un dynamisme psychologique... Ma voie était trouvée. Je rencontrais mon père à qui j'exposais mon envie, mon projet, et c'est avec un scepticisme non dissimulé qu'il me répondit : D'accord.

Peu de temps après, je montais dans l'avion, le cœur serré et la peur au ventre. Malgré cela, la joie qui m'habitait était celle d'un guerrier partant au combat. L'enfant en moi arborait un sourire jusqu'aux oreilles. Je venais de passer du rêve à la réalité.


14/05/2015
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